Féminisme-sLe secteur culturel
La mixité des regards, un enjeu de société à l’ère de MeToo
« Et pourtant, elle tourne », c’est ce qu’aurait marmonné Galilée lors de son procès au cours duquel il fut forcé d’admettre, contre ses convictions, que la Terre était plate ! Symbole de l’avènement scientifique sur l’obscurantisme, cette phrase est une référence qu’a choisi ARTE pour ce concours de films documentaires féminins. Un nom qui en dit long sur l’engagement de la chaîne et la portée de ce concours. Et s’il était temps de faire entendre d’autres voix ? De montrer d’autres choses ? De renverser un ordre de valeurs et de références devenu absolu ?
Attesté par une récente étude du CNC sur la place des femmes dans l’industrie cinématographique, le constat est celui d’un secteur encore largement dominé par les hommes. En dix ans, la part de films réalisés ou coréalisés par des femmes a effectivement augmenté mais cette part ne représente que 25,9% du total des films réalisés. Elles sont pourtant de plus en plus nombreuses à passer derrière la caméra. Du côté des premiers films, l’étude montre que les femmes représentent une part croissante : de 27% en 2010, elles en réalisent 40% en 2019 ! Des signes encourageants, témoins d’un nouveau souffle post-MeToo ?
ARTE, une chaîne engagée
La chaîne, qui a contribué à la diffusion des films de Chantal Akerman ou d’Agnès Varda, poursuit avec ce concours son engagement pour donner de la visibilité aux femmes réalisatrices.
« Arte a à cœur de contribuer à la visibilité des femmes réalisatrices, c’est dans l’ADN de la chaîne de chercher des écritures qui sont singulières »
Au-delà du seul concours, ARTE s’est également engagé sur ces questions avec la mise en place début 2020 d’un nouvel indicateur permettant de connaître précisément le nombre de réalisatrices, d’autrices et productrices diffusées à l’antenne. Une initiative de plus pour cette chaîne qui compte déjà 65% de femmes dans ses effectifs.
Modalités de participation
A partir du 4 janvier et ce jusqu’au 15 mars, toutes les réalisatrices âgées de plus de 18 ans et résidents en France sont invitées à envoyer un documentaire dont la durée devra obligatoirement être comprise entre 7 et 12 minutes maximum sur le thème « Besoin de personne ». Un jury se réunira au mois de mai 2021 pour sélectionner les cinq films qui seront ensuite achetés et diffusés par la chaîne. Deux prix du jury permettront à la première gagnante de bénéficier d’un contrat de développement pour un projet documentaire de 52 minutes et à la deuxième de jouir de la somme de 3000 euros.
« Et pourtant elles tournent » vient mettre en lumière des femmes réalisatrices qui ne savent parfois pas « à quelle porte frapper » pour donner de la visibilité à leurs créations. Une opportunité à saisir !